Prestations du RPC. Devriez-vous les prendre plus tôt ou plus tard?
Une question qui se pose souvent au sujet des prestations du RPC est de savoir s’il faut les prendre plus tôt ou plus tard. Si vous faites une recherche sur Google, vous obtiendrez des réponses différentes : certains disent le prendre tôt, d’autres conseillent d’attendre. Il semble que les experts ne soient pas tout à fait d’accord, alors je voulais moi-même faire une analyse approfondie.
En ce qui concerne le RPC, le problème est que cela dépendra de la durée de votre vie.
Permettez-moi d’expliquer rapidement comment fonctionne le fait de prendre le RPC plus tôt ou plus tard. En supposant que vous aurez 60 ans après 2016, les règles de retrait anticipé et tardif du RPC fonctionnent comme suit :
- Si vous touchez la prestation de RPC avant 65 ans, vous assumez une pénalité de 7,2 % par année sur vos prestations du RPC (jusqu’à 36 % à 60 ans)
- Pour chaque année d’attente après 65 ans, vous obtenez une augmentation de 8,4 % de vos prestations du RPC (jusqu’à 42 % à 70 ans)
À première vue, une augmentation de 42 % semble être une raison assez convaincante d’attendre, mais est-ce bien le cas? Vivrez-vous assez longtemps pour tirer profit des paiements plus importants, si vous attendez de commencer à toucher les prestations du RPC? La vraie question est la suivante : statistiquement parlant, allez-vous recevoir plus, ou moins, de prestations totales du RPC si vous attendez?
Les mathématiciens de Statistique Canada nous ont fourni ce tableau pratique qui montre combien de temps le Canadien moyen peut s’attendre à vivre, s’il a déjà atteint un âge donné. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir jusqu’à quel âge une personne de 60 ans peut espérer vivre en moyenne.
Actuellement, un homme de 60 ans peut espérer vivre 23 ans de plus (jusqu’à l’âge de 83 ans) et une femme environ 26 ans (86 ans). Comme il s’agit de moyennes, ces chiffres semblent raisonnables pour notre analyse, et l’âge de 60 ans est le point le plus précoce auquel nous pouvons envisager de toucher les prestations du RPC.
En utilisant ces chiffres, nous pouvons montrer qu’une femme maximise son paiement total du RPC en attendant l’âge de 70 ans, ce qui se traduit par une moyenne de 75 000 $ (36 %) de plus que si elle l’avait pris à l’âge de 60 ans. Un homme maximise son RPC total un peu plus tôt, à l’âge de 68 ans, recevant en moyenne 50 000 $ (27 %) de plus qu’à 60 ans. Dans l’ensemble, il s’agit d’un argument statistique solide en faveur d’une retraite tardive plutôt que précoce.
Toutefois, nous pouvons pousser cette analyse un peu plus loin et tenir compte d’une sorte de coûts d’opportunité. D’une manière générale, l’argent d’aujourd’hui vaut mieux que l’argent de demain. (« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. ») Donc, en supposant que toutes les choses sont égales, tout RPC que je choisis de toucher plus tôt équivaut à des fonds de retraite qui, au contraire, continueront de croître dans mon épargne. La question qui se pose maintenant est la suivante : Quel rendement sur l’investissement fera en sorte que toucher le RPC plus tôt constituera un meilleur paiement moyen?
Pour un homme, un peu moins de 4 % rend plus intéressante la retraite à 65 ans, et 9,5 % avant 60 ans vaut mieux que tout. Pour une femme, environ 5 % le rend plus attrayant à 65 ans et environ 10 % pour l’âge de 60 ans. Gardez à l’esprit qu’il s’agit d’une échelle continue et que, dans l’hypothèse d’un taux de rendement raisonnable de l’épargne-retraite, il est probablement logique de supposer que l’âge de 65 ans est le point optimal. (N’oubliez pas que ce sont des taux de rendement réels et qu’il faut tenir compte de l’inflation.)
Bien sûr, ne vous contentez pas de me croire sur parole, si vous souhaitez jouer avec les chiffres vous-même, j’ai créé une feuille de calcul ici. Vous pouvez également utiliser ce calculateur d’espérance de vie pour calculer une espérance de vie plus précise en fonction du tabagisme, etc.
Donc, si nous parlons de ce qui est le mieux pour la moyenne, je suggère de prendre le RPC à 65 ans ou plus. Il n’est probablement pas nécessaire d’attendre jusqu’à 70 ans, car, même dans la pire hypothèse d’un taux de rendement nul, ce n’est pas tellement plus avantageux. En revanche, si l’on prend le risque à 60 ans, les résultats sont moins bons, quel que soit le taux de rendement raisonnable. Bien sûr, ce sont des scénarios de cas moyens, vous devriez donc fonder votre décision sur les particularités de votre situation personnelle.
Un autre point, qui me semble important, est de savoir ce qu’il faut faire si vous n’avez pas beaucoup épargné pour la retraite et que vous pensez que vos ressources sont limitées. Devriez-vous alors prendre le RPC le plus tôt possible pour vous aider? Étonnamment, dans ce cas, il est probablement encore plus logique d’attendre aussi longtemps que possible. De cette façon, vous vous assurez un revenu maximal du RPC si votre fonds de retraite est épuisé. Bien sûr, encore une fois, vous devrez étudier soigneusement ces chiffres pour vous assurer que cela vous convient vraiment.
Qu’en est-il de l’argument selon lequel le fait de prendre le RPC tôt signifie que vous pourrez dépenser davantage et profiter davantage de votre retraite au cours des premières années? Bien que cela puisse sembler être le cas, les chiffres ne mentent pas. Commencer à 65 ans, ou plus tard, signifie recevoir plus de prestations, en moyenne. Supposons, à titre d’exemple, que vous ayez l’intention de profiter pleinement de ces premières années (et je vous le recommande!), votre patrimoine sera quand même meilleur, en moyenne, si vous financez ce style de vie à partir de votre épargne-retraite et que vous touchez vos prestations du RPC plus tard. (Une idée encore meilleure est de financer vos dépenses excédentaires précoces à partir d’un CELI pour éviter les augmentations d’impôt marginal ou les récupérations sur votre SV.) C’est exactement la raison pour laquelle nous avons tenu compte d’un taux de rendement pour nos placements dans notre analyse.
Voilà donc l’essentiel de la question. Avec les nouvelles règles du RPC, le fait de prendre le RPC plus tard donne lieu à un paiement total plus important, du moins en fonction de l’espérance de vie moyenne à 60 ans.
(N.B. : les amateurs de mathématiques noteront que j’aurais pu faire un pas de plus et utiliser l’espérance de vie moyenne pour chaque année d’âge afin de comparer le choix de prendre ou d’attendre pour chaque année. Je laisse cet exercice pour le lecteur, mais la différence ne sera pas énorme et, au mieux, les résultats favoriseront l’attente).