28 octobre 2024
Après les résultats difficiles du portefeuille 60/40 en 2022, on pourrait comprendre que certains investisseurs abandonnent l’idée de la diversification. Quand les marchés boursiers se sont effondrés, où étaient les obligations pour atténuer la baisse des rendements et réduire le risque global? Dans quelques cas, les marchés obligataires ont même sous-performé par rapport aux indices boursiers. Les investisseurs qui ont réaffecté leurs actions en obligations pour réduire le risque de leurs portefeuilles ont beaucoup souffert. Passer de la poêle à frire au feu, en quelque sorte!
« Est-ce qu’un portefeuille 60/40 a encore du sens? » – depuis lors, c’est la question la plus fréquente qui se pose, et notre message est toujours le même : le champion (la diversification) est à terre, mais pas KO. Mais tout d’abord : qu’est-ce qui a causé l’échec en 2022 lorsque la corrélation des cours des actions et des obligations a grimpé en flèche? Nous estimons que cette situation était principalement due à des valorisations excessives des obligations. Les rendements réels négatifs (c’est-à-dire les rendements obligataires nominaux, déduction faite de l’inflation) étaient typiques de la période d’assouplissement quantitatif pour la plupart des banques centrales, qui ont fait baisser les rendements nominaux à un niveau inférieur à l’inflation, ce qui s’est traduit par un rendement réel négatif pour les investisseurs en bons et en obligations. Il ne s’agissait pas d’une situation normale, mais d’une procédure d’urgence en matière de politique monétaire. Également appelé « répression financière », cette mesure visait à attirer les investisseurs hors des liquidités sûres ou des titres à revenu fixe à faible rendement vers des actifs plus risqués, et elle a été couronnée de succès puisqu’elle a déclenché un redressement épique des marchés boursiers. Cependant, alors que les taux de politique zéro et l’assouplissement quantitatif ont cédé la place à un resserrement monétaire par des taux directeurs plus élevés et un resserrement quantitatif, les marchés obligataires, largement surévalués, ont succombé à un mélange croissance/inflation plus élevé, amplifié par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées à la COVID et d’énormes déficits budgétaires gouvernementaux, ce qui a stimulé à la fois l’inflation et la croissance : un véritable poison pour les obligations nominales.
Il existe un précédent historique pour le changement de corrélations, comme l’illustre le graphique ci-dessous. En période d’inflation élevée (supérieure à 3 %), les corrélations tendent à augmenter, mais lorsque l’inflation tombe en dessous de 3 %, on observe de meilleurs avantages de diversification en détenant des actions et des obligations ensemble. La réalité, c’est que nous avons observé une amélioration significative de l’environnement de diversification ces derniers mois, alors que l’inflation est tombée à 3 %. En dépit des incertitudes qui entourent l’inflation, la diversification reste l’un des seuls « cadeaux gratuits » dans le domaine de l’investissement.
Source : Bloomberg Finance L.P., Morningstar Research Inc., au 31 août 2024. Les actions sont représentées par l’indice S&P 500. Les obligations sont représentées par l’indice ICE BofA US Treasury. Données mesurées de décembre 1980 à août 2024.
Source : Bloomberg Finance L.P., au 8 octobre 2024. Les actions sont représentées par l’indice S&P 500. Les obligations sont représentées par le FNB iShares 20+ Year Treasury Bond.
Et les avantages de la diversification qui vont au-delà de la corrélation entre actions et obligations, incluant les performances géographiques, sectorielles et factorielles des actions, méritent également d’être mentionnés ici. Les secteurs de croissance des grandes capitalisations américaines, comme la technologie et les services de communication, ont dominé le marché ces dernières années et ont récemment été stimulés par l’IA. Cependant, cela a commencé à changer ces derniers mois, avec la surperformance de certains secteurs longtemps en difficulté, comme les actions internationales, y compris les marchés émergents, les titres de valeur, les facteurs de faible volatilité et les secteurs défensifs tels que les services publics, les biens de consommation de base et même l’immobilier. Cette tendance a été soutenue par la reprise des obligations depuis l’été, le marché anticipant les baisses de taux de la Fed, qui se sont finalement produites en septembre avec une réduction significative et quelque peu inattendue de 50 pb. L’orientation claire de la Fed vers une politique plus souple a fait perdre de l’élan au dollar américain, relançant ainsi la rotation naissante des actions. D’un point de vue régional, la Chine semble avoir enfin cédé et intensifié ses mesures d’assouplissement, tant monétaires que budgétaires, ce qui a permis à ce marché de rebondir au cours des derniers mois du fait de la faiblesse des valorisations et du sentiment excessivement négatif des investisseurs.
Région d’actions (rendements de suivi) | 3 mois | Cumul ann. |
---|---|---|
Marchés développés | 4,8 % | 19,2 % |
États-Unis | 5,9 % | 22,1 % |
Canada | 10,5 % | 17,2 % |
Royaume-Uni | 1,8 % | 9,9 % |
Japon | -3,5 % | 15,2 % |
Australie | 7,8 % | 12,3 % |
Zone Euro | 3,1 % | 12,4 % |
Marchés émergents | 6,8 % | 18,7 % |
Chine | 17,9 % | 20,3 % |
Inde | 7,0 % | 17,9 % |
Taïwan | -1,7 % | 34,7 % |
Source : Morningstar Research Inc., au 30 septembre 2024. |
Secteur d’actions (rendements de suivi) | 3 mois | Cumul ann. |
---|---|---|
Cycliques | ||
Tech. de l’information | 0,9 % | 27,3 % |
Services de comm. | 1,9 % | 25,8 % |
Énergie | -3,6 % | 6,1 % |
Matières premières | 7,7 % | 10,4 % |
Biens de consom. discrétionnaire | 5,2 % | 12,1 % |
Services financiers | 8,6 % | 22,1 % |
Industries | 7,6 % | 18,7 % |
Défensives | ||
Services publics | 16,0 % | 23,3 % |
Soins de santé | 4,0 % | 14,2 % |
Biens de consommation de base | 7,1 % | 13,2 % |
Immobilier | 15,5 % | 13,2 % |
Source : Morningstar Research Inc., au 30 septembre 2024. Tous les rendements sont exprimés en monnaie locale. Les indices sectoriels sont ceux du MSCI Monde. |
Facteur d’actions (rendements de suivi) | 3 mois | Cumul ann. |
---|---|---|
Momentum | 0,6 % | 30,6 % |
Qualité | 2,5 % | 22,5 % |
Croissance | 1,9 % | 21,4 % |
Valeur | 7,9 % | 16,8 % |
Pondération en fonction du risque | 7,1 % | 13,4 % |
Pondération égale | 6,5 % | 13,3 % |
Source : Morningstar Research Inc., au 30 septembre 2024. Tous les rendements sont exprimés en monnaie locale. Les indices factoriels sont ceux du MSCI Monde. |
Alors, quelle direction devons-nous prendre? Les obligations se sont considérablement redressées cet été, mais les taux de rendement réels restent tout de même positifs, avec une inflation de base d’environ 3 % et l’ensemble de la courbe des taux à un niveau supérieur, de sorte que les valorisations des obligations ne sont pas aussi excessives qu’elles l’étaient avant 2022. L’inflation, qui est la variable clé dans la question de la corrélation, se situe à un seuil critique. Si nous nous rapprochons de l’objectif de 2 % de la Fed, on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que les avantages de la diversification se maintiennent, mais il existe une réelle possibilité que l’inflation reste bloquée à 3 %, ce qui compliquerait la tâche de la Fed, qui s’est déjà réorientée pour mettre l’accent sur un marché du travail en perte de souffle, signalant ainsi que le génie de l’inflation était de retour dans sa bouteille. C’est peut-être le cas, mais les améliorations en matière d’inflation sont bien avancées, tandis qu’une série de facteurs susceptibles de renforcer l’inflation se profilent, risquant de freiner davantage les progrès. Les détails dépassent le cadre de cet article, mais la liste comprend des salaires plus élevés faisant grimper l’inflation dans le secteur des services (le plus grand secteur de l’économie américaine), les guerres commerciales nous éloignant du commerce mondial et de l’avantage concurrentiel, ainsi que des conditions météorologiques de plus en plus volatiles perturbant l’approvisionnement des denrées alimentaires, ce qui fait augmenter les prix, pour n’en nommer que quelques-uns.
Corrélation : une mesure statistique de l’évolution de deux titres, l’un par rapport à l’autre. Une corrélation positive indique des mouvements similaires, vers le haut ou vers le bas, tandis qu’une corrélation négative indique des mouvements opposés (quand l’un monte, l’autre baisse).
Volatilité : évalue dans quelle mesure le cours d’un titre, d’un dérivé ou d’un indice fluctue. La mesure la plus couramment utilisée de la volatilité des Fonds de placement est l’écart-type.
Courbes de rendement : une ligne qui trace les taux d’intérêt des obligations ayant une qualité de crédit égale, mais des dates d’échéance différentes. Une courbe de rendement normale ou raide indique que les taux d’intérêt à long terme sont plus élevés que les taux d’intérêt à court terme. Une courbe de rendement plate indique que les taux à court terme sont conformes aux taux à long terme, tandis qu’une courbe de rendement inversée indique que les taux à court terme sont plus élevés que les taux à long terme.
Stephen Lingard, Vice-président principal et co-chef des stratégies multi-actifs, apporte une expérience mondiale concrète à son rôle, ayant étudié et travaillé en Europe, aux États-Unis et en Asie au cours de sa carrière de plus de 27 ans. Il s’est joint à Gestion mondiale d’actifs CI (GMA CI) en 2019 en tant que gestionnaire de portefeuille multi-actifs et chef de recherche, centré sur la stratégie macroéconomique, d’actions et la stratégie alternative. Avant GMA CI, Stephen était chef des solutions de gestion multi-actifs chez Franklin Templeton (Canada/Asie). Avant cela, il était gestionnaire d’investissements chez Fidelity Investments (États-Unis et Canada) etétait courtier en obligations à la Société Générale Asia (Singapour) avant cela. Stephen est détenteur du titre CFA et d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Western et détient un MBA de l’EU Business School. Il est également membre de la Toronto CFA Society et passe son temps libre avec l’équipe de soccer de North Toronto et l’équipe de hockey de Leaside.
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