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06 décembre 2021

La montée du variant Omicron - Ça recommence?

Au cours des dix derniers jours, l’identification d’un nouveau variant de SARS-Cov2 (B.1.1.529) a suscité des inquiétudes et des turbulences sur les marchés, alors que la communauté scientifique et les investisseurs tentent de déterminer les impacts potentiels. Identifié pour la première fois au Botswana, puis en plus grand nombre en Afrique du Sud, Omicron (tel que désigné par l’Organisation mondiale de la santé) présente de nombreuses propriétés et mutations qui déclenchent des signaux d’alarme et justifient une surveillance étroite. Ce que nous tentons de faire ici, c’est d’exposer, comme nous l’avons fait à plusieurs reprises au cours de la pandémie, ce que nous savons et ne savons pas sur le nouveau variant et de replacer dans leur contexte les impacts potentiels sur les personnes et les marchés. Tout d’abord, examinons les questions relatives à Omicron, avant de nous intéresser aux résultats du marché et, bien sûr, à vos portefeuilles.

 

Principales préoccupations face au variant Omicron

 

Les caractéristiques d’Omicron qui ont rapidement attiré l’attention de la communauté internationale sont les suivantes :

  • une concurrence apparente au variant Delta hautement transmissible en Afrique du Sud;
  • la présence d’un grand nombre de mutations qui, avec les variants précédents, ont été associées à un échappement au système immunitaire. Omicron présente plus de 50 mutations individuelles et plus de 30 mutations au niveau de la protéine de spicule à elle seule (nettement plus nombreuses que celles retrouvées dans tout autre variant préoccupant observé à ce jour).

Le message clé que nous voulons vous transmettre est que, bien que préoccupantes, les données sont extrêmement préliminaires et qu’il est trop tôt pour dire quel sera l’impact. Pour que le nouveau variant constitue une menace légitime pour les progrès que nous avons réalisés au niveau mondial, trois choses doivent se produire :

  1. Omicron doit supplanter Delta et le remplacer comme souche dominante
  2. Omicron doit échapper aux vaccins actuels
  3. Omicron doit être aussi virulent (néfaste) ou plus virulent que les souches précédentes de SARS-Cov2.

Examinons-les à tour de rôle.

 

Omicron peut-il supplanter Delta?

 

L’une des principales préoccupations que suscitent les premières données est qu’Omicron semble prendre le pas sur Delta, qui est lui-même extrêmement transmissible. Les données provenant d’Afrique du Sud semblent montrer une augmentation plus rapide de la prévalence d’Omicron que de tout autre variant antérieur. Le variant partage également des mutations avec Delta qui sont censées accroître la transmission.

 

 

Cependant, il existe plusieurs raisons pour lesquelles cette analyse pourrait être trompeuse et doit être considérée avec prudence, en particulier lorsqu’on essaie d’extrapoler à l’échelle mondiale.

  1. L’Afrique du Sud avait de faibles niveaux d’infection pendant la montée d’Omicron, ce qui suggère qu’il n’a pas eu à entrer en concurrence directe avec Delta et rend difficile une comparaison précise de la transmissibilité.
  2. L’Afrique du Sud a une population relativement peu vaccinée (seuls 24 % de la population est entièrement vaccinée). Par conséquent, même si Omicron se propage aussi rapidement qu’il le semble, l’Afrique du Sud n’est peut-être pas un bon analogue pour d’autres régions où les taux de vaccination sont plus élevés.
  3. L’absence de tests avant la détection peut avoir sous-estimé la présence d’Omicron, car on ne peut pas détecter quelque chose que l’on n’a jamais testé. L’augmentation rapide pourrait être due, du moins en partie, à la recherche effective du variant, et il est possible qu’il ait été en circulation avant d’être détecté. En fait, les autorités néerlandaises ont déterminé qu’Omicron était présent aux Pays-Bas dès le 11 novembre et l’échantillonnage des eaux usées en Afrique du Sud suggère qu’il a pu s’y propager avant d’être détecté.

Tout cela pour dire que la montée rapide d’Omicron est certainement inquiétante, mais tirer des conclusions sur la façon dont il pourrait se propager partout au monde pourrait être trop pessimiste.

 

Le variant va-t-il résister aux vaccins actuels?

 

Sur la base de l’analyse mutationnelle, il est probable que les anticorps produits par les vaccins actuels (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, etc.) seront moins efficaces pour se lier à Omicron et le neutraliser. De nombreuses mutations d’Omicron ont été observées dans d’autres variants moins transmissibles qui réduisaient l’efficacité immunitaire. Toutefois, même avec ces mutations, les vaccins sont restés très efficaces pour réduire les conséquences les plus graves, telles que les hospitalisations et les décès. La protection du système immunitaire n’est pas seulement assurée par les anticorps, mais aussi par des réponses immunitaires plus durables (comme les cellules T) qui devraient conserver une grande partie de leur capacité de protection, même contre le variant Omicron. S’il est possible que la protection soit quelque peu réduite, il est peu probable que l’on assiste à un échappement immunitaire complet (et, par extension, à une remise à zéro de la « vulnérabilité » mondiale).

 

Les toutes premières données en provenance d’Afrique du Sud suggèrent que la grande majorité des personnes ayant obtenu un résultat positif au test ne sont pas vaccinées et que les personnes vaccinées s’en sortent mieux que les non-vaccinés en termes de conséquences en cas d’infection. Il est évident que si les vaccins étaient inutiles, ce ne serait pas le cas.

 

Il convient également de noter que, si nécessaire, des vaccins propres à un variant peuvent être générés rapidement (notamment les vaccins à ARNm) et pourraient être disponibles en grande quantité dans un délai de trois à six mois. L’administration d’une troisième dose de vaccins actuels pourrait également apporter une protection supplémentaire, car une réponse immunitaire renforcée devrait accroître la protection contre tous les variants.

 

Omicron sera-t-il plus virulent que les souches précédentes?

 

L’une des craintes que suscite Omicron (comme c’est le cas pour chaque nouveau variant) est qu’il soit plus virulent (néfaste) que les souches précédentes. Rien ne permet de penser que ce sera le cas, tant d’un point de vue théorique qu’empirique.

 

En théorie, un nouveau variant capable de se répliquer plus rapidement qu’une version antérieure présente un avantage sélectif, ce qui explique pourquoi il faut s’attendre à trouver des variants à transmission plus rapide (et, dans une certaine mesure, qui échappent au système immunitaire). Il n’y a pas d’avantage sélectif dans un variant qui fait plus de dégâts à son hôte (en fait, c’est un léger désavantage), donc on ne s’attend pas à ce que les souches plus mortelles supplantent les versions moins mortelles.

 

D’un point de vue empirique, aucun autre variant de COVID-19 n’a démontré une augmentation importante de la virulence, malgré les avertissements précoces à ce sujet. Il ne faut donc pas s’y attendre avec Omicron, même s’il possède d’autres propriétés qui nous préoccupent. Certaines données anecdotiques suggèrent qu’Omicron pourrait même revêtir un caractère plus modéré Delta, bien que ces données soient préliminaires et doivent être considérées avec prudence.

 

Si c’est le cas, ce serait une bonne nouvelle. En fait, le meilleur scénario pour la pandémie est que le virus mute en quelque chose qui se propage facilement sans faire trop de dégâts. Une version moins virulente prenant le dessus n’est pas sans précédent dans le contexte des maladies infectieuses. Par exemple, la grippe espagnole a muté pour devenir un virus normal de la grippe saisonnière en 1920, et l’on pense que la grippe H1N1 de 2009 a fait de même.

 

Qu’est-ce que cela signifie?

 

En fin de compte, nous aurons les réponses à ces trois questions au fur et à mesure que les données s’accumuleront. Au cours des prochaines semaines, nous saurons si les anticorps sont moins efficaces pour neutraliser le virus (probable), quelle est la virulence du virus chez les populations moins vaccinées (incertain, mais peu probable qu’il soit pire qu’auparavant) et nous commencerons à voir si les vaccins existants offrent une protection (inconnu, mais probable). Au cours des semaines et des mois à venir, nous aurons une meilleure idée de la propagation (si Omicron peut supplanter Delta au niveau mondial) et une vision plus claire de l’efficacité des vaccins chez les populations bien vaccinées (nous nous attendons à une protection importante contre les pires résultats).

 

Nous pensons qu’Omicron pourrait représenter un revers temporaire dans la voie de la sortie de COVID-19, mais pas une retour en arrière. À mesure que des antiviraux efficaces deviennent disponibles et que les niveaux de vaccination continuent d’augmenter, nous nous attendons à ce que le fardeau sanitaire mondial de la COVID-19 s’atténue et que le chemin vers la normalité soit plus clair. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, ce ne sera pas une ligne droite, mais la direction est fixée.

 

Omicron et les marchés

 

Au cours de la semaine dernière, les marchés ont été secoués par deux chocs importants. Le premier, bien sûr, a été la montée soudaine du variant Omicron qui a ébranlé les marchés pendant l’action de grâce américaine/le Mégasolde d’avant Noël américain, une période où la liquidité du marché est généralement faible et donc propice à des mouvements de marché hors normes. Comme nous l’avons mentionné, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas encore sur le variant, et les marchés n’aiment pas l’incertitude. Toutefois, de nombreuses raisons permettent de conclure qu’Omicron représentera davantage un revers temporaire et que les conséquences économiques et commerciales devraient s’estomper relativement rapidement.

 

Nous sommes au milieu d’une réaccélération économique plus forte que prévu aux États-Unis après le marasme de l’été et nous prévoyons une trajectoire économique supérieure à la tendance jusqu’en 2022, grâce à la vigueur de la consommation des ménages et des investissements des entreprises. Dans le même temps, nous sommes confrontés aux conséquences inflationnistes d’une demande robuste, d’une main-d’œuvre limitée et de la dynamique des chaînes d’approvisionnement. Ceci, combiné à la forte trajectoire des États-Unis, a, à notre avis, contribué au deuxième choc du marché de la semaine dernière...

 

Le « pivot Powell »

 

La Réserve fédérale américaine (la « Fed ») a adopté une position très favorable à l’accélération de l’assouplissement quantitatif et au relèvement des taux d’intérêt américains. Il est important de noter que le pivot est intervenu après l’annonce d’Omicron et que le commentaire a clairement montré que la décision intégrait les impacts potentiels d’Omicron sur la dynamique de l’offre et de la demande.

 

Interprétation de l’inflation

 

Bien que nous nous attendions à ce que les niveaux élevés d’inflation diminuent tout au long de 2022, nous avons fait valoir que, pour les marchés, ce qui importe vraiment est la façon dont la « Fed » interprète la dynamique de l’inflation en cours. Et ils ont juste changé de point de vue. Il s’agit d’une évolution importante qui devrait entraîner une plus grande volatilité des marchés à court terme alors que les acteurs des marchés ajustent leur positionnement en conséquence. Des perspectives économiques plus robustes associées à une réaction de la « Fed » plus belliqueuse laissent présager une plus grande fragilité et donc une plus grande volatilité des actifs à risque. Il ne s’agit cependant pas d’un signal clair invitant à quitter les marchés à risque, mais plutôt d’un signal disant « attachez votre ceinture, ça risque de secouer ».

 

Bien qu’il existe un risque que l’inflation élevée oblige la Fed à resserrer trop agressivement sa politique et à freiner le cycle économique, ce n’est pas le cas de base. Au contraire, nous pensons que le cycle économique restera suffisamment robuste pour résister à un resserrement plus agressif de la politique, en particulier compte tenu du point de départ ultra souple des taux d’intérêt nuls. La clé de ce résultat sera une modération de la trajectoire de l’inflation par rapport aux niveaux actuels très élevés, à mesure que nous progressons vers 2022.

 

La fin de l’assouplissement quantitatif étant désormais prévue pour la fin du deuxième trimestre et vu le premier relèvement des taux prévu pour les deuxième et troisième trimestres, la Fed disposera d’environ six mois supplémentaires de données pour éclairer ses décisions. Si l’inflation de base s’emballe, comme nous le prévoyons, les responsables politiques seront plus modérés dans leur réaction pour soutenir une expansion économique continue. Si, au milieu de l’année, l’inflation reste bien supérieure à 3 %, par exemple, ils pourraient être contraints de resserrer les conditions de financement de manière à freiner le cycle économique, au risque de provoquer un ralentissement ou une récession plus tôt que prévu. Pour l’instant, il s’agit d’un risque résiduel à surveiller, et non du scénario de base.

 

Un portefeuille bien positionné pour vous accompagner

 

En ce qui concerne le positionnement de nos fonds, nous continuons à surveiller les répercussions potentielles de nos points de vue et à tenir d’intenses discussions à ce sujet. Pour l’instant, nous restons positionnés pour une expansion économique continue, en surpondérant les actions avec un penchant pour les expositions cycliques et en sous-pondérant les obligations d’État. Nous nous attendons à ce que la croissance économique et l’inflation supérieures à la tendance entraînent une augmentation des bénéfices et une hausse des taux d’intérêt par rapport aux niveaux actuels, les taux plus élevés et la volatilité accrue constituant un vent contraire pour les valorisations. Nous prévoyons une surperformance des actifs à risque au cours de l’année à venir, mais nous vous mettons en garde contre le fait que les meilleurs rendements sont derrière nous, car les marchés progressent lentement, selon le principe du deux pas en avant, un pas en arrière, au cours de l’année à venir.

 

 

Glossaire

Assouplissement quantitatif : Politique monétaire par laquelle les banques centrales augmentent la masse monétaire sur les marchés pour encourager les prêts et les investissements.

About the Author

Drummond Brodeur


Drummond Brodeur, MBA, CFA

SVP, Co-Head of Macroeconomic & FX Strategy
CI Global Asset Management

Drummond Brodeur has been in the investment industry since 1989 and joined CI Global Asset Management in 2007. He has a strong background focused on China and the Pacific Basin. Prior to joining CI, Drummond’s experience included overseeing international portfolios at KBSH Capital Management, being a senior analyst with Caisse de Depot, and being a Portfolio Manager at Bankers Trust Australia. Drummond holds a Bachelor’s degree from the University of Western Ontario and two Master’s degrees from Monash University, Melbourne, Australia. He has also earned the Chartered Financial Analyst designation.

About the Author

Jeff Elliot


Jeff Elliott, PhD, CFA, MBA

Vice-President, Portfolio Management and Portfolio Manager
CI Global Asset Management

Jeff has more than 16 years of investment industry experience and specializes in the global healthcare sector. Prior to joining CI Global Asset Management in 2013, Dr. Elliott analyzed global pharmaceutical equities at Sectoral Asset Management and was a senior equity research analyst at UBS Securities in New York and Toronto. Jeff holds a B.Sc. in Biochemistry from Queen’s University, a Ph.D. in Molecular Biology and Biochemistry from Simon Fraser University, an MBA from the University of Western Ontario, and holds the Chartered Financial Analyst (CFA) designation.

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Publié le 6 décembre 2021.